Écrire pour réparer ses blessures d'enfant

Milim, les petites histoires qui font la grande

Milim News
5 min ⋅ 16/05/2025

L’écriture apaise, soigne et permet d’avancer quand elle libère une parole jamais exprimée, particulièrement dans les histoires familiales douloureuses. C’est en partie pour réparer leurs blessures d’enfance que Pascale, Jennifer et Margaux de Fouchier ont décidé de prendre la plume ensemble et de raconter l’histoire tragique de leurs parents, née d’un coup de foudre qui ne s’est pas bien terminé.
Se libérer de certains tabous familiaux tout en resserrant leurs liens de sœurs, voilà le pari de leur livre Un amour de famille (Grasset) dont elles sont venues parler au micro de notre podcast C’est la famille. Une conversation qui nous a, une fois de plus, rappelé à quel point les liens familiaux, et notamment notre place dans une fratrie, façonnent nos trajectoires.
Ce constat revient à chaque fois que nous réalisons une biographie familiale: les bases d’une vie sont nécessairement jetées dans ses premières années, même si, heureusement, il est constamment possible de se réinventer et de bifurquer du chemin entamé par nos aïeux. Il n’empêche, l’enfance occupe toujours une grande place dans les entretiens biographiques que nous réalisons chez Milim, car il s’agit souvent de souvenirs dont on parle moins aux générations d’après et qu’elles sont généralement avides de découvrir. Ces tranches de vie d’enfant ne racontent pas seulement une histoire familiale, elles racontent une époque révolue et parfois même des événements marquants. Parce que ce sont toujours les petites histoires qui font la grande.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Écouter “C’est la famille”

La sélection Milim

À lire : Le secret de Jeanne, Sophie Astrabie (Flammarion)
Tout commence quand Alexandra apprend le décès de son père… qu’elle croyait mort depuis dix-sept ans. La jeune femme n’ose pas interroger sa mère, certaine qu’elle gardera le silence. Au même moment, elle doit vider la maison de sa grand-mère tant aimée. C’est dans le sac à main de cette dernière qu’elle découvre un plan mystérieux qui lui révèle, près de la chambre, l’existence d’une porte cachée. Et derrière, sans doute, autant de secrets à percer qu’on découvre
dans ce roman.

Soleil invaincu, Emilie Guillaumin (Grasset)
Le jour où elle apprend qu’il lui reste quelques mois à vivre, Jeanne réalise qu’elle a échoué à transmettre l’essentiel à son fils, Quentin, adolescent privilégié, fils d’un producteur télé dont la devise “more trash more cash” a fait le succès. Elle kidnappe Quentin pour le ramener dans la forêt où son propre père lui avait appris, au même âge, à vivre dans la nature, en respecter les règles, en savoir les dangers, en chérir la beauté. Aidée par son ami d’enfance et sa femme, Jeanne devra redevenir celle qu’elle était jadis pour montrer à son fils les secrets de cette forêt millénaire encore hantée par le souvenir de son père.

Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon (Ed. du Sous-Sol)
Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. Les enfants d’Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n’en parlent pas à leurs enfants qui n’en parlent pas à leurs petits-enfants. “C’était un nom qu’on ne prononçait pas. Maman, c’était un non-sujet.” À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l’hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d’une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets.

Gianni le magnifique, Stéphanie des Horts (Albin Michel)
La mère est une héroïne préraphaélite, le père semble tout droit sorti d’un roman de Scott Fitzgerald. Gianni est le second des sept enfants Agnelli. Il est beau, impertinent, malicieux. Il aime sa mère plus que tout au monde. Gianni grandit, s’engage sous les couleurs italiennes, fascistes donc, mais c’est auprès des Alliés qu’il fête la victoire. Quelques années plus tard, sur la Riviera, c’est casino et cocaïne, fêtes et excès. Gianni est le plus chic, le plus riche, le plus vain et le plus fragile aussi… Car il cache une blessure originelle : celle de n’être pas digne de l’empire Fiat, créé par son grand-père, pas digne d’être un héritier, un Agnelli.

La villa, Brigitte Benkemoun (Stock)
Brigitte Benkemoun a hérité de ses parents une folie architecturale. Maison futuriste et utopique, seventies par l’explosion des couleurs et l’extravagance des courbes, la Villa est un vaisseau de béton au milieu des foins à quelques kilomètres d’Arles. Dans ce livre, elle essaye de comprendre pourquoi ce couple d’origine modeste, arrivé d’Algérie dix ans plus tôt, s’embarque dans un projet si fantasque et ambitieux. Étaient-ils si différents ? Et qu’est-ce qu’un héritage ? En quoi il vous oblige ?

Chère Maman, Sophie Adriansen et Mlle Caroline (Glénat)
Mère de 3 enfants, Alix mène une vie plutôt épanouie aux côtés d’un époux aimant et d’amis fidèles. Un jour, au détour d’une conversation, sa mère assène une de ces remarques désobligeantes dont elle seule a le secret. Mais cette fois, c’est la fille d’Alix qui en est la cible. C’en est trop pour elle. Soudain, toutes les années de souffrances enfouies, les humiliations et les mauvais traitements subis durant l’enfance refont surface. Pourquoi cette femme lui rend-elle la vie impossible ? Les constantes critiques et le manque de considération de la part de cette mère énergivore vont pousser Alix à s’interroger sur les parents toxiques tout au long de cette bande dessinée.

À voir au théâtre: La Valise, de Sophie Forte (Essaïon Théâtre)
Il y a cinq ans, à la mort de son oncle André, Sophie hérite d’une vieille valise. À l’intérieur, des centaines de photos de toute sa famille, de ses arrières grands parents italiens à ses filles. À travers le regard affectueux qu'elle porte sur eux, chaque personnage prend vie sous nos yeux : un père devenu soudain célèbre sans jamais quitter son canapé, une mère pimpante à l’engouement indéfectible, une tante à la voix fêlée et aux multiples brushings, un papy napolitain dangereux, un oncle joyeux au destin inattendu, Gerry, le chien éternel…
Essaïon Théâtre, jusqu’au 14 juin

À voir au cinéma: La venue de l’avenir, de Cédric Klapisch
Aujourd’hui, en 2025, une trentaine de personnes issues d’une même famille apprennent qu’ils vont recevoir en héritage une maison abandonnée depuis des années. Quatre de ces lointains "cousins" vont alors découvrir des trésors cachés dans cette vieille maison. Ils vont se retrouver sur les traces d'une mystérieuse Adèle qui a quitté sa Normandie natale, à 20 ans. Cette Adèle se retrouve à Paris en 1895, au moment où cette ville est en pleine révolution industrielle et culturelle. Pour les quatre cousins, ce voyage introspectif dans leur généalogie va leur faire découvrir ce moment si particulier de la fin du XIXe siècle où la photographie s'inventait et l’impressionnisme naissait.
En salles le 22 mai

Les sœurs de Fouchier, invitées de notre podcast “C’est la famille”

Dans cet épisode, nous recevons trois sœurs, Pascale, Jennifer et Margaux de Fouchier qui publient un livre sur leur histoire familiale, faite de drames et de réparation. Un amour de famille (Grasset) est aussi une ode à la sororie, ce lien si spécial qui unit les sœurs et peut les aider voire les sauver quand le navire familial prend l’eau. Les sœurs de Fouchier ont dû faire face à une série d’événements particulièrement tragiques et au décès prématuré de leurs deux parents, dont elles ont gardé en héritage le souvenir d’une histoire d’amour aussi passionnelle que destructrice. Au micro de Milim, elles racontent ce qui a structuré leurs liens familiaux et les a aidées à devenir les femmes qu’elles sont aujourd’hui.

Écouter l’épisode

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Parce que ce sont nos petites histoires qui font la grande.
Par Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

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