De mère en fille

© Tony Alter CC

On ne naît pas femme, on le devient, et le devient-on grâce à ce que nous ont transmis les femmes des générations précédentes ? Ou à l’inverse, en inventant des contre-modèles ? Ce qui passe de mère en fille est bien mystérieux, et pourtant, depuis que le monde est monde, les femmes écrivent une histoire bien à elles, trop souvent sous-estimée alors qu’elle est tellement riche. Riche d’obstacles à surmonter et de libertés à conquérir -comme vient de nous le rappeler l’actualité- mais aussi de tâches accomplies silencieusement et quotidiennement. Il n’est pas un récit de famille qui ne fasse mention de telle mère ou telle grand-mère qui a été le pilier de la tribu. Quel que soit l’angle de l’histoire racontée, il y a toujours une femme quelque part sans qui rien n’aurait été possible. On peut s’attrister que beaucoup d’entre elles n’aient pas eu toute la reconnaissance qu’elles méritaient. Mais les femmes ne sont pas dupes, et de mère en fille (biologique ou symbolique), elles continueront probablement longtemps à transmettre ce secret qui les lie toutes: sans elles, leurs familles ne seraient rien.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

La sélection Milim

À voir: Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant, de Ruth Zylberman (Arte)
Alors que la France vient de célébrer la panthéonisation du couple de résistants Manouchian, la réalisatrice Ruth Zylberman donne la parole dans son film aux descendants de plusieurs membres de l’Affiche Rouge, cellule de Résistance devenue célèbre. Quatre témoignages bouleversants qui parlent des valeurs qu’on reçoit en héritage, mais aussi d’identité, d’exil et d’intégration.

À écouter: Ma Tonkinoise, de Hanaé Bossert (Louie Media)
Hanaë Bossert explore ses racines vietnamiennes dans cette enquête familiale sonore, une série de podcasts à travers laquelle elle essaye de comprendre pourquoi sa grand-mère a gardé ses origines, sa culture et son histoire distantes si longtemps.

À lire: L’enfant dans le taxi, de Sylvain Prudhomme (Les Editions de Minuit)
Simon tente de déterrer un secret de famille depuis qu’il a découvert à l’enterrement de son grand-père que ce dernier avait eu un fils caché, conçu en Allemagne à la toute fin de la seconde guerre mondiale. Un roman qui explore les thèmes du silence, de la filiation et de la famille.

Dans la Maison d'Été, de Karine Reysset (Flammarion)
La maison d'été, c'est la villa balnéaire qu'Albert et Rose achètent à l'automne 1980. Pendant plus de quarante ans, parents, enfants, petits-enfants vont s'y croiser, s'y succéder, y séjourner parfois pour quelques jours, parfois au long cours. Au fil des saisons, au gré des marées, quatre générations vont s'aimer, se déchirer, danser, rire et pleurer. Naissances, fêtes et anniversaires, premières fois, deuils, petits et grands événements de la vie jalonnent cette ample fresque romanesque qui retrace l'histoire d'une famille française de la fin du XXème siècle à nos jours.

Mon oncle d’Australie, de François Garde (Grasset)
Dans ce récit familial, l’auteur tente de retracer l’histoire taboue de son Oncle Marcel, dont l’histoire se raconte à voix basse. De secrets de famille en silences levés, il finit par lever le voile sur le destin tragique de cet oncle parti vivre en Australie.

Oma, d’Ariel Magnus (L’Observatoire)
Avant de devenir une grand-mère de 85 ans, Oma a été une jeune infirmière juive sauvée in extremis de la chambre à gaz, et qui a reconstruit sa vie après la guerre à Sao Paulo au Brésil. Dans ce roman, Ariel Magnus explore les silences intergénérationnels qui jalonnent l’histoire familiale des rescapés de la Shoah, faite de silence et de fantômes.

Sonia Fellous, invitée de notre podcast
“La vérité si je mens plus”

Cet épisode est le premier épisode que nous enregistrons après le 7 octobre 2023 et les massacres perpétrés par le Hamas contre des civils israéliens, dont certains sont toujours pris en otage à Gaza. Cet événement constitue un tournant dans l’histoire des juifs du monde, et notamment dans l’histoire des juifs du monde arabe, car elle ravive des tensions historiques et méconnues, certaines liées au conflit israélo-palestinien, d’autres lui étant bien antérieures.
Nous revenons dans cet épisode sur l’histoire des juifs du monde arabe et plus précisément sur l’histoire des juifs d’Afrique du nord, avec l’historienne Sonia Fellous, spécialiste du séfardisme et elle-même née en Tunisie.

Ecouter l’épisode

On publie vos photos sur Instagram

Envoyez-nous les photos de famille que vous aimez et nous partagerons vos témoignages sur nos réseaux sociaux. 

« J’ai choisi cette photo de ma mère, parce qu’on y voit sa grande beauté. Je n’ai jamais trouvé ma mère aussi belle que depuis que j’ai écrit sur elle. Ma mère était une splendeur qui s’ignorait. Ce qui a fait naître des rides sur son visage, ce n’est pas le passage du temps, c’est la peur. Ma mère admirait surtout ça en moi: j’avais rarement peur. Et le paradoxe, c’est que depuis qu’elle n’est plus, la peur est revenue. Comme une fidélité inconsciente à elle. Comme une manière de dire que l’écriture ne peut pas tout sublimer, qu’elle est parfois impuissante face aux héritages invisibles.
Si j’ai choisi cette photo, c’est aussi parce qu’elle a été prise avant ma naissance. J’ai très peu de photos de ma mère avant moi. Je n’ai pas connu ma mère jeune. Alors cette photo, c’est comme la préface de mon livre. Le chapitre d’avant que je ne saurais jamais écrire.»
Nathalie Ohana est l’autrice du roman Réveiller ma mère publié aux éditions Frison Roche

Suivez-nous sur Instagram

Chaque mois, recevez dans votre boîte mail toutes les actus qui nous ont intéressées sur le thème de la mémoire et de la transmission des histoires, qu'elles soient individuelles, familiales, entrepreneuriales.
Parce que ce sont nos petites histoires qui font la grande.
Par Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain.

Découvrez notre site

...